Depuis que je pratique le trackday en France - après avoir débuté le sport automobile aux Etats-Unis - je reste sidéré du peu de considération qu'ont à la fois les organisateurs, les exploitants de circuits et les pilotes pour la reconnaissance du circuit à vélo...
Rouler vite demande de la technique et une voiture adaptée, mais en définitive et au-delà de ces critères, il est un point capital que l'on sous-estime souvent : il s'agit de l'anticipation.
Chaque circuit a une topographie particulière et des caractéristiques singulières Chaque piste a un grip qui peut différer en fonction du tracé, des résidus de gomme qui peuvent s'accumuler. Chaque piste a ses propres passages piégeux... Et au-delà des informations contenues dans Supertrackday peuvent vous permettre d'appréhender une journée de pilotage dans les meilleures conditions, il est capital de reconnaître tranquillement la piste, à vélo ou à pied (cela peut prendre un certain temps dans le second cas ;-) pour mieux prendre ses marques et observer avec précision l'environnement de chaque virage à l'entrée comme en sortie.
C'est dans la reconnaissance du circuit que l'on trouve les racines de l'anticipation en pilotage automobile.
La plupart des pilotes professionnels - et pas seulement ceux de F1 - usent et abusent de cette reconnaissance qui permet d'offrir un angle de vision particulier que l'on n'a pas lorsqu'on est en mode "dynamique" à 100 comme à 200 km/h.
A vélo, on peut s'arrêter et mesurer au jugé la hauteur d'un vibreur et se dire qu'il vaudra mieux éviter de rouler dessus. On peut facilement observer l'angle de sortie et anticiper avec justesse le fait que l'on devra débraquer plus rapidement qu'on aura pu l'imaginer.
Frédéric Mayeur, instructeur à RSR Spa, fait partie de ceux qui encouragent le "trackwalk" ("visite de piste") avant de débuter une session de trackday. RSR Spa organise tout au long de l’année des trackdays sur le circuit de Spa Francorchamps (Belgique) et les journées circuits de RSR Spa ont justement la réputation d'être préparées avec beaucoup de sérieux et de professionnalisme : on s'arrête, on discute et l'on prend des notes aux endroits stratégiques tout en discutant avec l'instructeur. C'est par exemple au pied du fameux "Raidillon" et en regardant vers le haut que l'on peut se rendre compte de la compression que l'on peut prendre en passant vite dans la cuvette. Frédéric Mayeur précise que "le trackwalk dure en général 1 heure mais la valeur de cette reconnaissance n'a pas de prix et permettra d'avoir un regard et une compréhension extrêmement affinés en terme de trajectoire"...
Romain Monti, l'un des pilotes les plus rapides en Porsche Carrera Cup, de rajouter "Avant d'aller vite, il faut savoir aller doucement et prendre son temps pour visualiser chaque mètre de la piste : la reconnaissance est capitale". Ayrton Senna livrait lors de son dernier sacre de Champion du Monde qu'il passait des heures à reconnaître un circuit, à vélo, à scooter, en voiture ou à pied. Et pas seulement la veille d'un Grand Prix.
Chaque vibreur, chaque morceau de moquette, chaque bosse, chaque différence de grip a son importance.
La prochaine fois que vous réservez un trackday, insistez auprès de votre organisateur pour avoir la possibilité de réaliser une reconnaissance à vélo.
Supertrackday travaille à la mise en place d'un code de "bonne conduite sportive" en trackday qui sera labellisé par un référentiel "Safety First" et qui passera entre autre choses par l'obligation de reconnaissance d'un circuit.
Nous vous en reparlerons prochainement, d'autant que nombreux sont les organisateurs de trackdays ayant déjà répondu favorablement à notre requête. Cette opération "Safety First" sera placée sous le patronage de notre partenaire Stand 21, acteur essentiel de la sécurité active et passive sur circuits.
D'ici là , pensez à glisser votre "petite reine" dans le coffre avant de filer rouler sur un circuit !